Les relations économiques bilatérales [vi]
Les relations économiques et commerciales franco-vietnamiennes s’inscrivent dans le cadre du partenariat stratégique bilatéral conclu en septembre 2013.
Situation économique du Vietnam
6e économie d’Asie du Sud-Est, le Vietnam est l’un des pays ayant l’économie la plus dynamique au monde. En 2020, le pays a fait preuve de résilience en enregistrant une croissance de l’ordre de 2,9% en dépit de l’épidémie de Covid, qui a été ramenée à 2,6% en 2021 en raison d’un confinement très strict instauré en cours d’année. La croissance a depuis rebondi au-delà de 5%. Elle est soutenue par un commerce extérieur dynamique, une politique monétaire efficace et une consommation intérieure en expansion.
L’économie du Vietnam est très ouverte (ratio COMEXT/PIB : 200%) : membre de l’ASEAN depuis 1995, de l’OMC depuis 2007, de l’ASEAN Economic Community depuis 2015, le Vietnam est engagé dans plusieurs accords de libre-échange (ALE) de nouvelle génération (entrée en vigueur du CPTPP en janvier 2019, de l’ALE avec l’Union européenne en août 2020 et du Regional Comprehensive Economic Partnership en janvier 2022). Avec 17 ALE en vigueur début 2022, le pays fait partie d’un vaste réseau économique de partenaires. En matière monétaire, l’inflation est depuis 2015 à moins 4% (plafond fixé par l’Assemblée nationale). La devise vietnamienne apparaît stable.
La consommation est le nouveau moteur de l’économie, portée par l’émergence d’une classe moyenne qui représente 13% de la population. Elle devrait atteindre 50% en 2035 selon les projections de la Banque mondiale. Le dynamisme de l’économie vietnamienne s’accompagne d’une amélioration du climat des affaires grâce à d’importantes réformes structurelles – secteur bancaire, entreprises d’Etat, simplification administrative. Ces résultats ont été salués en 2018 par les entreprises de notation qui ont relevé la notation du Vietnam à plusieurs reprises.
La politique du Doi Moi (« renouveau »), engagée en 1986, a permis au Vietnam d’importantes réformes de modernisation et de se développer rapidement : : l’extrême pauvreté est passée de 50% en 1990 à moins de 2% aujourd’hui et le pays a rejoint la catégorie des pays à revenu intermédiaire en 2010. Il est passé d’une économie agricole (18% PIB) à une économie dominée par l’industrie (40%) et les services (38%). Ce modèle de croissance centré sur l’industrie et le commerce extérieur, a des faiblesses notamment en termes de productivité du travail avec beaucoup d’activités manufacturières à faible valeur ajoutée. Ces activités industrielles sont souvent destinées à la réexportation et sont opérées en majorité par des entreprises étrangères. 25% des exportations vietnamiennes sont ainsi attribuables à Samsung. L’enjeu pour le pays est double : favoriser la montée en gamme de l’économie et renforcer les liens entre les IDE et le tissu économique local.
Les défis en matière de politique publique sont la réforme administrative et l’accélération du processus décisionnel pour le développement des infrastructures, la mise en place d’un programme de soutien aux plus démunis, le maintien de la stabilité du secteur bancaire et le développement d’un modèle économique intégrant les effets du changement climatique.
- Chantier de construction de la ligne n° 3 du métro de Hanoi financé notamment par l’AFD et le Trésor
- © MEAE/Frédéric de la Mure
Depuis, les deux pays se sont entendus sur le caractère essentiel du renforcement de leur relation économique, notamment à la faveur de la visite au Vietnam du Président de la République française en septembre 2016 et du Premier ministre vietnamien en France en novembre 2021.
Relation économique franco-vietnamienne
Echanges commerciaux
Grâce à un rebond beaucoup plus fort de ses exportations vers le Vietnam (+29% à comparer à une moyenne mondiale de +15,2% en 2021) que de ses importations (+2,6% à comparer à une moyenne mondiale de 18,7% en 2021), la France est parvenue à stabiliser en 2021 son déficit commercial avec ce pays, qui se maintient toutefois à un niveau élevé (-4,3 Mds EUR). Nos échanges progressent de 6,6% en 2021 pour atteindre 6,7 Mds EUR, chiffre inférieur à celui de 2019 mais comparable à celui atteint en 2018
En 2021, le Vietnam se classait au 46e rang des clients de la France (et au 28e rang hors pays de l’UE) absorbant 1,2 Md EUR d’exportations françaises. Ce pays représentait dans le même temps le 21e fournisseur de notre pays (et le 11e hors pays de l’UE) grâce à des ventes de 5,5 Mds EUR. La France dégage désormais son 7e plus important déficit mondial avec le Vietnam et le second avec un pays hors de l’UE, après la Chine.
Notre part de marché se réduit encore en 2021 pour atteindre 0,5%, la France se classant au 23e rang des fournisseurs du Vietnam. Ceci nous place loin derrière nos concurrents asiatiques (Chine, Corée du Sud, Japon, Taïwan et plusieurs pays de l’ASEAN), mais également derrière les Etats-Unis, l’Australie et, au sein de l’UE, derrière l’Irlande, l’Allemagne et l’Italie.
La France absorbe 1% du total des exportations vietnamiennes et se classe également au 23e rang des clients de ce pays, loin derrière les Etats-Unis, la Chine et de nombreux pays asiatiques et, au sein de l’UE, derrière les Pays-Bas, l’Allemagne, l’Italie et la Belgique.
En 2021, la France a vu ses exportations fortement progresser (+280 MEUR, soit +29% par rapport à 2020), grâce au rebond des livraisons d’Airbus, qui s’étaient pratiquement arrêtées en 2020. Ce secteur, qui représente 17% de nos ventes, explique à lui seul 70% de la hausse de nos ventes au Vietnam en 2021. Compte tenu des obstacles importants et croissants à l’accès au marché vietnamien, malgré l’entrée en vigueur le 1er août 2020 d’un accord de libre-échange entre le Vietnam et l’UE, nos exportations de produits pharmaceutiques – 18% de nos ventes totales – subissent une baisse de 20% en 2021 par rapport à l’année précédente.
Les exportations vietnamiennes vers la France, en progression de 2,6% en 2021, restent concentrées sur les chaussures et le textile (59% des exportations vietnamiennes) et les produits électroniques (27% du total).
Investissements
La plupart des entreprises du CAC40 sont actives au Vietnam. Les données sur le volume des IDE français au Vietnam varient fortement selon les sources. Selon les statistiques vietnamiennes, la France se classait fin 2020 au 3e rang des pays européens ayant investi au Vietnam, derrière les Pays Bas (10e) et le Royaume Uni (15e), à la 16e place avec 614 projets au total pour un montant total de 3,6 Mds USD.
La typologie des entreprises françaises présentes au Vietnam s’articule autour de trois grandes catégories. D’une part, les entreprises participant à la réalisation de grands projets – nombreux mais lents et complexes d’accès, terrain naturel des entreprises françaises mais pas nécessairement le plus opportun. D’autre part, les entreprises qui importent depuis l’Asie, transforment ou assemblent localement pour réexporter vers l’Europe – schéma classique d’approche du marché en Asie du Sud-Est (cf. Thaïlande) mais finalement peu répandu au Vietnam (seulement Scheider Electric, Sanofi…). Enfin, les entreprises qui exportent depuis la France, ou cherchent à le faire, des biens de consommation courante.
Présentes pour environ les deux tiers à Hô Chi Minh-Ville, le reste étant implanté à Hanoï, les EFE (entreprises françaises de l’étranger) sont parfois détenues par des Français implantés au Vietnam ou des franco-vietnamiens ou Viet kieu. Entreprises de droit local, elles disposent néanmoins de liens indirects avec la France à travers leurs fondateurs, leur activité, leurs liens capitalistiques ou leur image. Présentes dans l’ensemble des secteurs, elles représenteraient selon les estimations hautes 20 000 emplois et 4 à 5 Mds USD de chiffre d’affaires. Parmi les principales EFE créées au Vietnam, quatre au moins sont d’éclatantes réussites : Open Asia, Apple Tree, Archetype et New Viet Dairy. D’autres au contraire, notamment de très petits entrepreneurs dans le tourisme et l’hôtellerie, sont touchés de plein fouet par la crise sanitaire actuelle et pourraient ne pas s’en relever.