La coopération scientifique et universitaire [vi]

La France est un partenaire privilégié du Vietnam en matière de coopération universitaire, avec 7 000 étudiants vietnamiens dans des formations françaises au Vietnam. La coopération scientifique s’appuie sur un dispositif exceptionnel de collaboration scientifique reposant sur plusieurs instituts de recherche.

La coopération universitaire

La France est un partenaire privilégié du Vietnam en matière de coopération universitaire. Première destination européenne des étudiants vietnamiens, la France a également fait du développement des programmes délocalisés diplômants au Vietnam une priorité.

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Echanges entre les étudiants et les établissements lors du salon Bienvenue en France en octobre 2019

Aujourd’hui, près de 90 formations françaises permettent à plus de 7000 étudiants vietnamiens de bénéficier d’une offre d’enseignement supérieur exigeante, à un coût abordable, tout en restant au Vietnam. Ces formations couvrent plusieurs domaines où l’expertise française est un atout : sciences fondamentales, mode, informatique, télécommunication, droit, économie et gestion des affaires, hôtellerie et tourisme...

Outre cette palette de formations délocalisées, certains projets désormais historiques constituent la pierre angulaire de la coopération universitaire entre la France et le Vietnam :

Le Centre franco-vietnamien de formation à la gestion
  • Doyen des programmes de coopération universitaires bilatéraux, le Centre franco-vietnamien de formation à la gestion (CFVG)a diplômé plus de 3 500 étudiants vietnamiens depuis sa création en 1992. L’école franco-vietnamienne est opérée par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Paris Ile-de-France (avec ses écoles dont l’ESCP Europe) en partenariat avec l’Université Paris Dauphine, l’Institut d’Administration des Entreprises (IAE) de Paris, l’Université d’Economie Nationale à Hanoï et l’Université d’Economie de Hô Chi Minh-Ville. Le CFVG offre aux jeunes cadres vietnamiens une opportunité unique de bénéficier de l’excellence des meilleurs établissements français et internationaux en master et doctorat dans les domaines du management, de la finance, du marketing et de la logistique. Face à une concurrence accrue dans le domaine de l’enseignement du management au Vietnam, un projet d’université européenne de management (European Management University) en association avec Solvay Business School et soutenue par la Délégation de l’Union Européenne et les ambassades de France et de Belgique au Vietnam est actuellement en cours de développement.
Le Programme de Formation d’Ingénieurs d’Excellence du Vietnam
  • Le Programme de Formation d’Ingénieurs d’Excellence du Vietnam (PFIEV), lancé en 1997 avec le soutien des ministères français chargés des Affaires étrangères et de l’Enseignement supérieur, fédère l’expertise au Vietnam dans le domaine de la formation d’ingénieurs. Ce programme est issu d’un partenariat entre les Instituts Polytechniques de Hanoï, de Da Nang et de Hô Chi Minh-Ville, l’École Nationale de Génie Civil de Hanoï et un consortium de grands établissements français. Le diplôme, délivré par le ministère vietnamien de l’Education et de la Formation, est le premier diplôme délivré par un pays du sud à être accrédité par la Commission des Titres d’Ingénieur française valant grade de master. Cette accréditation fait du PFIEV le 1er programme vietnamien reconnu internationalement au niveau master. Plus de 2 000 étudiants de ce programme ont reçu le titre d’ingénieur.
L’Université des Sciences et des Technologies de Hanoï
  • Projet phare de la coopération universitaire franco-vietnamienne, l’Université des Sciences et des Technologies de Hanoï (USTH) a été créée en 2009 en réponse à la demande vietnamienne de création d’universités « nouveau modèle » en partenariat avec des pays étrangers. L’USTH est la première université en Asie du Sud-Est à avoir mis en place des cursus selon le schéma « LMD » européen. L’USTH qui bénéficie d’un soutien français significatif délivre des diplômes vietnamiens de licence et des diplômes français de master dans les domaines scientifiques des biotechnologies, de l’eau et de l’environnement, des nanomatériaux, des technologies de l’information, de l’aéronautique et du spatial. L’USTH repose sur un trépied original au Vietnam qui associe l’enseignement, la recherche scientifique et la professionnalisation en lien avec les entreprises françaises et vietnamiennes.

La coopération scientifique

Par la présence de ses organismes de recherche et de ses universités, la France est très impliquée dans les collaborations scientifiques avec le Vietnam. La coopération en matière de recherche est largement financée par les organismes français sur leurs budgets propres.

  • L’Institut de recherche pour le développement (IRD) est présent depuis 1995 au Vietnam. Les chercheurs de l’IRD élaborent des projets en collaboration avec leurs collègues vietnamiens dans les secteurs des sciences sociales, des sciences exactes, de la santé et des sciences de l’environnement, dans le but de co-construire et de partager des connaissances scientifiques originales qui peuvent être appliquées au développement durable du pays. L’IRD est également actif dans l’enseignement et l’encadrement d’étudiants et de jeunes chercheurs vietnamiens, dans le soutien à la création d’équipes de recherche innovantes, dans l’aide financière ou humaine à leurs programmes et dans l’élaboration de réseaux de scientifiques pluridisciplinaires et internationaux.

Focus : le projet COMPOSE sur la pollution plastique au Vietnam

Le manque de recherches sur la pollution plastique au Vietnam se traduisait il y a encore peu de temps par une absence quasi-totale de données et de connaissances scientifiques susceptibles de nourrir la décision publique. Partant de ce constat, et grâce à un financement du programme Fonds de solidarité pour les projets innovants, les sociétés civiles, la francophonie et le développement humain (FSPI) du Ministère de l’Europe et des Affaires Étrangères (MEAE), l’IRD et un ensemble de partenaires universitaires, avec l’appui de certaines collectivités locales, ont créé un observatoire de la dynamique sociale et environnementale du plastique au Vietnam, dédié à l’étude des réseaux formels et informels de gestion des déchets et à la mesure de la contamination plastique des milieux aquatiques.

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S’appuyant sur un réseau de sept laboratoires au sein d’universités vietnamiennes et sur une formation poussée dispensée à leurs chercheurs, cet observatoire a permis d’obtenir dès novembre 2020 la première évaluation scientifique du niveau de contamination par les microplastiques de 21 estuaires et rivières du pays. En parallèle, soucieux d’agir aussi sur les sources de contamination, l’IRD et ses partenaires ont démarré un second projet, financé par l’Union Européenne et Expertise France, dans le but d’améliorer la gestion des déchets à Ho Chi Minh-ville et d’augmenter la collecte, le tri et le recyclage des emballages en plastique. Enfin, une campagne en ligne de sensibilisation à l’importance de la recherche scientifique pour mieux lutter contre la pollution plastique au Vietnam a été lancée à l’automne 2020.

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Pour en savoir plus :

Focus : l’initiative SOOT-SEA sur le Black Carbon en Asie du Sud-Est

L’initiative SOOT-SEA est un groupement de recherche international-Sud (GDRI-Sud) réunissant plusieurs laboratoires français et étrangers autour de l’étude du cycle de vie et des impacts du Black Carbon (BC, ou carbone-suie) en Asie du Sud Est. Le black carbon représente en effet, avec les aérosols, la principale cause environnementale de décès prématuré à l’échelle mondiale et c’est aussi le second contributeur du changement climatique après le CO2. SOOT-SEA s’attache à (1) déterminer son impact sur le cycle marin du carbone et sur la concentration en CO2 atmosphérique, (2) déterminer son impact sur le transfert de contaminants vers le réseau trophique marin, (3) améliorer ses inventaires d’émissions et déterminer les apports atmosphériques et fluviaux à l’océan grâce à un réseau régional de mesure, et (4) développer un cadre de modélisation atmosphère/océan décrivant ses impacts climatique, biogéochimique et sanitaire. La plateforme de collecte mise en place permet d’alimenter les partenaires du projet avec du matériel pour des expériences conjointes et d’initier le développement d’un projet d’observatoire régional (Vietnam, Thaïlande, Cambodge, Birmanie et Laos) du Black Carbon atmosphérique, fluvial et marin.

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Pour en savoir plus :

Focus : la recherche sur la modélisation/simulation avec le projet UMMISCO

L’Unité Mixte Internationale de Modélisation mathématiques et informatique des systèmes complexes, naturels, biologiques et sociaux (UMMISCO) présente en France, au Maroc, au Sénégal, au Cameroun et au Vietnam mobilise chercheurs et étudiants dans le domaine des « sciences de la complexité », couplant modélisation mathématique et informatique pour représenter et explorer les dynamiques sociales et environnementales de phénomènes complexes dans de multiples scénarios. Au Vietnam, cette unité est à l’origine de plusieurs projets phares, dont :

  • HoanKiemAir (2019-2021) : conception d’un dispositif innovant d’appui à la concertation, basé sur des simulations interactives du trafic urbain et de son impact sur la pollution atmosphérique, afin de permettre aux parties prenantes — pouvoirs publics, usagers — de tester et d’explorer différentes situations d’atténuation, en particulier l’établissement de zones de faible émission. Projetées sur une maquette 3D de l’arrondissement d’Hoan Kiem, des cartes interactives construites en temps réel permettent de rendre visible la pollution atmosphérique liée au trafic urbain et de montrer l’impact des solutions possibles (nombre de véhicules en circulation, aménagements urbains) dans la mitigation de cette pollution ;
  • COMOKIT (Covid19 Modeling Kit, 2020-2022) est un kit de modélisation qui permet d’analyser et de comparer différentes interventions possibles contre l’épidémie de covid-19 à l’échelle de villes de dimensions moyennes (environ 10.000 habitants). Conçu en partenariat étroit avec le NIHE, l’Université de Can Tho et l’Université Thuyloi, utilisé au sein de la cellule de réponse rapide du gouvernement vietnamien, il offre la possibilité de construire très rapidement des modèles de gestion de la crise sanitaire et d’explorer, grâce à un accord avec EDF concernant l’utilisation de leurs capacités de calcul, des milliers de scénarios réalistes portant aussi bien sur les comportements individuels que sur l’efficacité comparée de politiques publiques.

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Pour en savoir plus :

Focus : l’IRD Vietnam et la science de la durabilité

L’IRD oriente depuis quelques années sa stratégie globale autour de la science de la durabilité et la représentation au Vietnam s’est inscrite dans cette dynamique en 2020 au travers du montage de trois programme emblématiques de la diversité de ses interventions :

  • SUCCESS (“Supporting Universities in the Construction of Centers of Excellence in Sustainability Science”), soumis au prochain appel à projets ERASMUS+, s’appuie sur un consortium qui rassemble neuf partenaires vietnamiens et trois européens autour de la construction de centres d’excellence mêlant recherche et renforcement des capacités en science de la durabilité appliquée à la définition de critères de durabilité urbaine.
  • PREMISS (“Partnership for Research to Enhance Methodologies In Sustainability Science”), soumis à l’appel “Pathways 2020” du Belmont Forum en octobre 2020, se propose de développer un ensemble d’approches et de guides méthodologiques favorisant l’interdisciplinarité, la science citoyenne et la participation des acteurs sociaux dans trois cas d’étude (au Vietnam, à Taiwan et en Turquie) représentatifs de la science de la durabilité.
  • ACROSS (“Advanced Computational Research for Sustainability Science”) est un laboratoire mixte international (LMI) construit en commun avec l’Université Thuy Loi, l’Université d’Architecture de Hanoi, l’Université Toulouse 1 et l’IRD Vietnam, créé en septembre 2021. Dédié à la gestion durable des systèmes d’irrigation au Vietnam, construit autour de quatre cas d’étude représentatifs de la diversité géographique et sociale du Vietnam, ce laboratoire a comme objectif de concevoir des outils de modélisation venant en support aux approches interdisciplinaires et participatives d’étude, de suivi et d’optimisation de ces systèmes cruciaux pour le développement du pays.

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Pour en savoir plus :
  • Le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (CIRAD) est depuis plus de 30 ans un partenaire majeur des institutions nationales et des universités vietnamiennes. Les chercheurs du Cirad interviennent au Vietnam par le biais de nombreux dispositifs en partenariat en productions animales et végétales, santé animale et épidémiologie, sécurité et qualité sanitaire des aliments, agro-écologie pour une agriculture capable de résister aux changements climatiques et de contribuer à l’atténuation de ses effets, gestion des ressources naturelles en particulier de l’eau et des sols ou encore des sciences de l’information et de la communication.
  • Le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), dont le bureau régional pour les pays de l’Asie du Sud-Est, est situé à Singapour, organise plus de 200 missions scientifiques de chercheurs du CNRS chaque année au Vietnam pour des recherches qui vont de l’écologie tropicale, aux matériaux composites ou aux mathématiques. L’implication du CNRS au Vietnam s’appuie notamment sur un groupement de recherche international, des laboratoires internationaux associés et des projets internationaux de coopération scientifique dans les domaines de la chimie, de la physique, des mathématiques ou de l’environnement.
  • L’Université des Sciences et des Technologies de Hanoï (USTH) accueille plusieurs laboratoires mixtes internationaux en partenariat notamment avec l’IRD qui conduisent des recherches dans les domaines des biotechnologies et de la pharmacologie, de l’eau, de l’environnement et de l’océanographie, des matériaux et des nanotechnologies, des technologies de l’information et des communications, de l’espace et de l’aéronautique.
  • L’École Française de l’Extrême Orient (EFEO) a été fondée en 1900 à Saigon, où elle avait pour rôle de recueillir, d’inventorier, de conserver et d’analyser les éléments des cultures et patrimoines du continent asiatique. Après une interruption d’une quarantaine d’années, elle a rouvert en 1993 à Hanoi et à Hô Chi Minh-Ville en 2012. Le Centre de Hanoï a permis de donner un nouvel élan à la recherche française en vietnamologie, prenant l’initiative de programmes de coopération pluriannuels conduits sur place par les membres de l’EFEO et servant de lien entre les chercheurs français ou européens et leurs collègues vietnamiens en sciences humaines et sociales. L’EFEO a une double mission : la production scientifique, la valorisation des recherches et la formation des futurs chercheurs et la préservation du patrimoine matériel et immatériel, spécificité liée à l’histoire de l’École et à ses champs disciplinaires privilégiés.

D’autres structures sont également présentes : l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (IFREMER), l’Institut National de Recherche en Informatique et Automatique (INRIA) et l’Institut Pasteur.

Il y a une trentaine de chercheurs français basés au Vietnam, qui nourrissent au quotidien la coopération scientifique entre la France et le Vietnam. Retrouvez leurs portraits ici.

publié le 24/11/2023

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